Belgique : Quel jeu joue la N-VA ?

La Nieuw-Vlaamse Alliantie (alliance néo-flamande, NVA) est un parti flamand séparatiste, fondé en 2001 sur les ruines de la Volksunie, le parti nationaliste flamand historique. Il est allié au sein d'un cartel électoral avec le CD&V (parti démocrate flamand), qui est arrivé en tête aux dernières élections législatives.

Ces derniers temps, je m'interrogeais sur la douceur de la N-VA dans les négociations pour la formation d'un gouvernement. Pourquoi diable une formation dont le seul but, ou presque, est la dislocation de l'état belge, dont certains jeunes militants brûlent le drapeau du royaume, ne met-il pas plus de mauvaise volonté dans les négociations ? Pourquoi, au parlement flamand, n'a-t-il pas soutenu la proposition du Vlaams Belang ("bloc flamand", extrême-droite), qui demandait l'urgence sur une proposition visant à effectuer un référendum en Flandre sur la question de l'indépendance ?

En clair, pourquoi la N-VA ne cherche-t-elle pas à obtenir le plus vite possible la souveraineté de Flandre ?
Cela m'apparaît désormais clair. La N-VA veut cette indépendance, mais pas tout de suite. Elle veut encore faire tenir la Belgique quelques années, dans un système confédéraliste, pour préparer l'avenir de la Flandre indépendante :
  • si la Flandre était indépendante aujourd'hui, elle ne serait à coup sûr pas prête, notamment aux niveaux des relations internationales (il lui faudrait par exemple négocier son adhésion à l'Union Européenne avec les autres pays, y compris avec ce qui subsiterait de la Belgique)
  • ce revers de la médaille séparatiste, exposé aux électeurs flamands indépendentistes, risquerait de décourager une partie d'entre eux au moment d'un référendum (et en cas d'échec, il faudrait sans doute attendre au moins dix ou quinze ans pour en organiser un nouveau)
Les flamingants ont donc tout intérêt à continuer de pomper la Belgique pendant quelques années pour préparer à la fois les institutions et les électeurs flamands à la séparation.

Les partis francophones semblent refuser la division de la Belgique. Mais en même temps, ceux-ci poussent pour l'élargissement de Bruxelles (les flamands ne veulent pas de gouvernement sans scission de la circonscription Bruxelles-Hal-Vilvorde, les francophones refusent des négociations sur BHV s'il n'y en a pas sur l'agrandissement de la région-capitale).
Rappel : la région de Bruxelles, francophone à 85%, est enclavée dans la région flamande. Les francophones veulent élargir la première aux quelques banlieues (flamandes, donc) où les francophones sont majoritaires. Et notamment Rhode-Saint-Genèse, ville-clé.
Majoritairement peuplés de francophones (venus de Bruxelles), Rhode-saint-Genèse est en Flandre. Au nord, elle touche Uccle, commune de la région capitale. Au sud, elle voisine Waterloo et Braine-l'Alleud, communes wallones. Si Rhode est rattachée à la région de Bruxelles-Capitale, cette dernière ne sera plus enclavée en Flandre, et il y aura continuité territoriale entre Wallonie et Bruxelles-capitale.
Pourquoi donc les partis francophones se pressent-ils tant de vouloir coller Wallonie et Bruxelles, si ce n'est parce qu'ils considèrent comme un risque important le fait que la région flamande pourrait prendre son indépendance ? Et le désenclavement de Bruxelles ne fera-t-il pas sauter un des derniers verrous ?

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